PNL et Alcoologie

Article de Michel FACON paru dans la revue LA TEMPÉRANCE*

Après la parution de mon ouvrage : "l’Alcool, toi, moi et les Autres", je peux dire que le chapitre consacré à l’utilisation de la PNL (Programmation Neurolinguistique) en alcoologie est un de ceux qui ont suscité le plus de réactions -enthousiastes ou critiques !

Pourquoi ?

Parce que la PNL s’intéresse davantage aux résultats qu’à la théorie ? Parce qu’elle introduit de nouvelles données et que les notions nouvelles demandent toujours du temps avant de se faire admettre. Parce que, grâce à cette technique, des problèmes peuvent être solutionnés avec une grande rapidité -par rapport à d’autres thérapeutiques- et cela, sans souffrance ?

Autant de réponses possibles... Toujours est-il que convaincus de l’intérêt de cette pratique, Michel FACON et moi-même avons décidé, par le support de la revue :
- d’apporter une information précise et la plus concrète possible sur les moyens utilisés et les résultats obtenus.
- d’ouvrir le débat sur cette pratique.

Elisabeth FRIT

Dans ce dialogue fictif entre LA TEMPÉRANCE et Michel FACON, nous avons choisi de répondre aux questions qui sont le plus souvent posées en rapport avec les modèles que nous utilisons pour aider les personnes qui viennent en séminaires "En finir avec les dépendances" à LA TEMPÉRANCE.

- LA TEMPÉRANCE : Depuis que tu écris dans la revue, tu nous as dit une foule de choses qui sortent souvent des sentiers battus. Ça plaît à certains, mais d’autres critiquent cette théorie...
- Michel : Oui, on ne peut pas plaire à tout le monde. Je crois que certains critiquent vivement parce-qu’ils confondent encore théorie et modèle. Nous n’avons pas construit une théorie nouvelle de l’alcoolisme, nous avons simplement introduit, à l’aide de la PNL, une nouvelle manière de penser l’alcoolisme qui donne, à l’évidence, de meilleurs résultats sur le plan clinique. La PNL appliquée à l’alcoologie se situe hors des querelles d’écoles, mais cela n’est pas bien compris. Un modèle, je le répète ici, n’a pas la prétention de rendre compte de la vérité scientifique.

- L.T. : Ce clivage, "Partie Alcoolique et Partie Sobre", est-ce une "maladie"... est-ce cela, selon toi, que l’on nomme "maladie alcoolique" ?
- M. : C’est vrai que cette espèce de clivage entre PA et PS est tellement concret et facilement repérable qu’on pourrait y voir le noyau de la "maladie". Pour ma part, ce clivage, avec son caractère séquentiel, n’est pas du tout une maladie. C’est une manière commode d’entrer en relation avec celui qu’on épingle "alcoolique" pour, ensuite, le conduire à comprendre qu’il peut remplacer la solution du recours à l’alcool par d’autres solutions plus adéquates. Pour moi, l’alcoolisme n’est pas du tout une maladie, mais un comportement. A l’exception des alcoolopathies -c’est ainsi que l’on nomme les maladies, les vraies, celles-là, dues au fait que l’alcool est un toxique- celui que l’on étiquette "alcoolique" n’a aucun intérêt à être baptisé "malade". La notion d’alcoolisme-comportement sort l’alcoolique du champ médical et responsabilise le sujet lui-même.

- L.T. : Mais beaucoup disent encore "maladie alcoolique, malade alcoolique..."
- M. : Oui, jusqu’à ces dernières années c’était peut-être une bonne chose , mais aujourd’hui ce n’est plus nécessaire. Certains parlent encore de "maladie alcoolique" car ils croient qu’on finira par trouver un gène qui expliquera tout, d’autres pour justifier physiologiquement la nécessité de s’abstenir du produit alcool de la même manière qu’un diabétique doit s’abstenir du produit sucre. La dépendance à l’alcool est alors définie comme un phénomène purement physique et la seule solution à l’alcoolisme, conçu comme une maladie à part entière, est l’abstinence totale, définitive et permanente. Cette vision reste à mon sens, partielle. (nous reviendrons sur ce point dans un prochain article...)

Le recours à l’alcoolisation est pour moi un comportement, c’est-à-dire quelque chose que la personne FAIT. Ce comportement, comme tout comportement, a été APPRIS. Il en va de même concernant la dissociation séquentielle PA/PS, qui, je l’ai souvent dit, est un mécanisme de survie...

- L.T. : Qui dit mécanisme de survie dit danger ou danger potentiel... où est le danger ?
- M. : Bien sûr, ce mécanisme de survie a été appris, dans le passé, en urgence, dans des contextes bien particuliers. Cette dissociation PA/PS n’est pas un état (statique) mais un processus (dynamique). C’est un mécanisme à la fois fiable, ultra-rapide, à caractère automatique et qui vise, dans l’urgence de la situation présente, à la survie du sujet. Il met PA en place et éclipse PS. On a vu qu’ensuite PS s’alcoolise et que, ce faisant, il modifie la manière dont est perçu le contexte par le sujet. Nous avons d’ailleurs vu, dans mon article précédent, que cette modification est tellement ancrée chez le sujet qu’elle peut même, à l’occasion, se déclencher sans l’ingestion réelle du produit alcool, phénomène des "cuites sèches"...

- L.T. : Il y a donc eu un traumatisme dans l’enfance ?
- M. : Oui, dans l’enfance ou dans l’adolescence. Mais il faut ici mettre les points sur les "i" et dire que le traumatisme doit être évalué en fonction de la carte du monde qu’avait le sujet à l’âge du traumatisme.

- L.T. : Alors, ces traumatismes, quels sont-ils ?
- M. : Ce sont des évènements toujours très difficiles à vivre, excessivement pénibles voire horribles et insupportables. Bien sûr, ces évènements sont variables d’un sujet à l’autre. J’ai été frappé par le nombre d’évènements inacceptables sur le plan social, des choses qui restent encore très souvent secrètes, non-dites, comme des histoires d’enfants battus, de viols, d’incestes. C’est là, à ce moment-là, dans l’urgence d’une situation à laquelle le sujet ne peut se soustraire, que le clivage a été appris pour faire face à l’insupportable. Cette dissociation (ou désassociation) n’est pas une maladie puisque tout un chacun peut apprendre à se dissocier exactement de la même manière. Cette faculté de se dissocier est plutôt un don, elle a une fonction positive capitale. Grâce à elle, une partie du sujet rend service à la personne et assure sa survie.

- L.T. : Est-ce que tu peux donner un exemple ? Dans l’article précédent tu as parlé du cas de Natacha... Que s’était-il passé pour Natacha ?
- M. : Le cas de Natacha est très dur... à peine croyable... Natacha n’est cependant pas la seule dans ce cas-là à être devenue par la suite "alcoolique"... Natacha était violée, régulièrement, par son propre père, lorsqu’elle était gamine... Cela a commencé par des attouchements sexuels et, au fil des années, le père a fini par pénétrer sa fille... Ça se passait presque chaque soir, à l’étage ; dans la chambre de Natacha : la mère, qui n’a jamais rien su ou n’a jamais rien voulu savoir, était au rez-de-chaussée... Dans un contexte comme celui-là on comprend aisément, me semble-t-il, l’urgence d’une dissociation séquentielle. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé pour Natacha : on pourrait dire qu’elle s’absentait de son corps pour supporter l’insupportable. D’ailleurs, pouvait-elle faire autrement ? Il y allait de sa survie... Une fois acquise, apprise, cette faculté de se dissocier reste comme une possibilité, comme un mode de réponse possible... Cela veut dire très concrètement que la petite Natacha a ensuite grandi. Elle a rencontré l’alcool et s’est aperçue que le produit alcool aide beaucoup à la dissociation lorsqu’une situation de la vie quotidienne est insupportable.

- L.T. : Peux-tu reprendre cela ? Il y a, me semble-t-il, deux choses à distinguer :

1) ce qui s’est passé dans l’enfance et qui a contraint Natacha à mettre en place la dissociation séquentielle et

2) les épisodes d’alcoolisation de la Natacha adulte...
- M. : Oui... C’est ça... dans l’enfance il y a eu l’inceste maintes fois répété et l’installation de la dissociation séquentielle en tant que mécanisme de survie... Entre l’enfance et l’âge adulte cette faculté de se dissocier a persisté comme un acquis, comme une sorte de don extraordinaire auquel le sujet peut avoir recours en cas de besoin, à chaque fois qu’il rencontre une situation difficile...

- L.T. : Est-ce qu’il s’agit toujours de viols, d’incestes ou de choses de ce genre ?
- M. : Certainement pas. Tous les traumatismes peuvent être représentés. Ils sont cependant toujours vécus par le sujet avec une telle intensité que la seule solution est la dissociation. Ce sont souvent des traumatismes devant lesquels le sujet se trouve dans l’impossibilité de fuir.

- L.T. : Dès lors, quelle est la psychothérapie la plus indiquée, selon toi ?
- M. : A mon avis, alcooliques et toxicomanes nécessitent bien plus qu’une psychothérapie...

- L.T. : Qu’est-ce que tu veux dire par là ?
- M. : je veux dire que la psychothérapie classique, traditionnelle, ne suffit pas. Elle peut rendre des services inestimables, bien sûr, mais elle ne suffit pas parce que, généralement, elle traite la personnes sans tenir compte de la dissociation. Il faut, tout d’abord, installer la confiance avec beaucoup de rigueur et, ensuite, analyser le plus finement possible les contextes dans lesquels apparait le recours à l’alcool. Ceci revient à obtenir du sujet qu’il décrive très concrètement, en termes sensoriels d’abord, les situations précises dans lesquelles la Partie Sobre du sujet déclenche la stratégie d’alcoolisation et tout ce qui s’en suit à partir de là... Avec un peu de pratique, on finit par s’apercevoir que ce sont des émotions très désagréables qui sont à l’origine du recours à l’alcoolisation systématique.

- L.T. : Qu’est-ce que tu veux dire exactement quand tu préconises d’analyser le contexte ?
- M. : Je veux dire faire une analyse descriptive du contexte. Je ne parle pas d’analyse interprétative, bien entendu, la description du contexte s’obtient en réponse aux questions : "quand bois-tu ? Avec qui ? Que vois-tu, qu’entends-tu, que ressens-tu" etc... dans la situation dans laquelle tu vas boire ? Et une foule d’autres questions. Placé dans un environnement donné, le sujet perçoit son environnement (c’est une perception externe), se perçoit dans cet environnement et évalue globalement la situation en lui donnant une signification. Tout cela se passe évidemment très vite et fait apparaître un état interne désagréable qui est à l’origine de l’alcoolisation.

- L.T. : De quoi dépend la signification qu’accorde le sujet aux contextes dont tu parles ?
- M. : Cette signification est fonction des expériences antérieures qu’a faites le sujet, de ses croyances, de ses valeurs et critères personnels. Il faut bien comprendre ici qu’un vécu corporel n’est rien d’autre qu’un vécu. A lui seul, et en soi, il ne veut rien dire du tout. C’est le sujet qui va lui donner une signification précise. Et, fort vraisemblablement, à un vécu identique, des sujets différents font correspondre des significations différentes.

- L.T. : Si j’ai bien compris, tu prends en compte l’environnement externe et interne, les perceptions du sujet en termes de vu, entendu et ressenti (VAK). Ensuite, tu cherches à savoir la signification qu’à la situation pour le sujet.
- M. : C’est tout à fait ça. C’est de cette manière qu’on peut établir une liste des contextes dans lesquels l’alcoolisation apparaît à coup sûr... ou presque... Tout cela représente le recueil des données. Ensuite, on établit la série des interventions. Les lecteurs de LA TEMPÉRANCE ont maintenant une petite idée de la succession des interventions.

- L.T. : Est-ce que tout cela n’est pas une psychothérapie ?
- M. : Oui... Oui et non. Pour moi, ça représente bien plus qu’une psychothérapie. Je ne sais pas comment baptiser cette procédure qui est plus concrète, plus précise et mieux structurée qu’une psychothérapie traditionnelle. C’est une psychothérapie si tu veux, certes, et en même temps ça va bien au-delà... C’est tout un ensemble d’apprentissages et de ré-apprentissages ; ça s’apparente beaucoup plus à une sorte d’éducation ou de rééducation. Cette procédure va au-delà d’une psychothérapie classique en étendue et en profondeur, tout en durant le plus souvent beaucoup moins longtemps que cette dernière.

- L.T. : Les gens s’étonnent souvent lorsque tu dis qu’en quelques jours on peut régler ses problèmes avec l’alcool...
- M. : Oui, je comprends leur étonnement. Néanmoins c’est possible et nous l’avons fait à maintes reprises notamment dans les stages "En finir avec l’alcool" en cinq jours. Il y a cependant un prérequis : il faut que la personne soit décidée à régler son problème. C’est évident, mais il est bon de le rappeler de temps en temps.

- L.T. : Au fil de tes articles, on voit se dérouler toute une procédure d’interventions et tu nous rappelles, de temps à autre, que cette procédure d’ensemble est efficace pour les autres dépendances. Ma question est celle-ci : est-ce que, dans les autres dépendances, on retrouve aussi ces traumatismes dont tu as parlé tout à l’heure ?
- M. : Oui, on retrouve ces traumatismes également dans les autres addictions, y compris dans les cas d’anorexie et de boulimie. Je voudrais revenir sur un point. C’est vrai qu’au fil de mes articles je laisse entrevoir le modèle que j’emploie. Il y manque toutefois la partie qui concerne l’intervention sur le traumatisme initial.

- L.T. : Oui, alors, que fait-on dès le moment où l’on a découvert ce traumatisme, qui, il faut bien le dire, est quelque chose de très intense et de très pénible ? Faut-il faire revivre le traumatisme au sujet pour l’en débarrasser définitivement ?
- M. : Bien sûr, il est nécessaire, le plus souvent, de traiter ce traumatisme, cela va de soi. Mais il est important d’ajouter que nous avons, en PNL, de nombreux outils pour arriver à ce résultat. Et ce qui est encore plus important de savoir, c’est qu’il n’est pas nécessaire de revivre le traumatisme initial pour s’en débarrasser. J’ai conservé l’enregistrement des interventions faites avec Natacha. Il fera l’objet de mon prochain article pour LA TEMPÉRANCE.

Michel FACON.

La revue LA TEMPÉRANCE a édité une suite d’articles sur PNL et Alcoologie.

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